5.2 Raisons pour la professionnalisation de l’évaluation

Pourquoi promouvoir la professionnalisation de l'évaluation? Les raisons peuvent être trouvées à quatre niveaux interdépendants :

  1. Praticiens : la professionnalisation devrait se traduire par de meilleures connaissances et de meilleures compétences pour permettre aux évaluateurs-trices de répondre aux besoins des commissaires et de contribuer aux impératifs de développement nationaux, régionaux et internationaux tels que les objectifs de développement durable. Cela se ferait en répondant de manière plus confiante aux questions clés de l’évaluation, en encourageant et en facilitant des pratiques plus réfléchies et en façonnant les cultures organisationnelles de l’évaluation.
  2. Demande des clients : une pratique d'évaluation professionnelle donnerait aux commissaires et aux gestionnaires d'évaluations une meilleure compréhension de ce qui est requis en termes de normes et de qualité, ainsi que des attentes qui en découlent. Les commissaires et les gestionnaires peuvent avoir des attentes différentes qui ne coïncident pas avec celles de l’évaluateur-trice. La professionnalisation permettrait aux gouvernements, aux organisations à but non lucratif et aux ONG de commander ou de financer des évaluations avec plus de confiance.
  3. VOPE : Dans un contexte professionnalisé, les VOPE seraient mieux équipées pour promouvoir la valeur de l'évaluation et pour définir des normes de pratique, des codes d'éthique et des bonnes pratiques aux niveaux national ou régional. Les évaluateurs-trices ont des antécédents variés et des expériences académiques et professionnelles différentes. Ainsi, sans outillage collectif, la qualité peut être très différente d’un-e évaluateur-trice à l’autre. Avec des principes directeurs et d’assurance qualité en place, les VOPE seraient également mieux placées pour défendre le travail de leurs membres qui ont satisfait aux critères requis pour être des évaluateurs-trices professionnels-les.
  4. Systèmes : au niveau des systèmes, la professionnalisation peut susciter un plus grand intérêt pour les évaluations de haute qualité effectuées pour répondre aux questions clés relatives à la pratique et aux politiques. Reconnaissant que l’évaluation permet d’initier un changement de nature systémique, l’évaluateur-trice est sous pression pour « livrer la marchandise ».

La professionnalisation crée un situation gagnant-gagnant pour tous. À l'instar des autres professions de l'économie du savoir en croissance à travers le monde, il est important que des efforts soient déployés aux niveaux national, régional et international afin de définir collectivement les bonnes pratiques et les normes de qualité.

En outre, les évaluateurs doivent réfléchir à leurs propres compétences et à leur expérience, ainsi qu’à l’importance du développement professionnel continu pour rester à jour dans l’application de divers modèles, approches, outils et méthodes.

La professionnalisation entraînerait une plus grande responsabilisation en termes de transparence, de qualité et d'intégrité. Cela augmenterait la reconnaissance du métier d'évaluation et son attractivité pour les nouveaux entrants.

Les clients bénéficient également de la professionnalisation. Les commissaires et les gestionnaires d’évaluations bénéficient d’une assurance qualité améliorée et d’une perspective plus claire sur ce qu’on peut attendre d’un évaluateur-trice professionnel-le.

La professionnalisation de l'évaluation pose certains risques pour les individus, les institutions et les systèmes. Au niveau individuel, la professionnalisation améliorée signifie probablement que ceux qui ne respectent pas les normes de la pratique professionnelle ne pourront plus fournir de services. La professionnalisation pourrait décourager des conceptions méthodologiques innovantes et promouvoir la conformité et l’homogénéité des approches – ce qui n’est pas recherché. Au niveau institutionnel et au niveau systémique, il existe également un risque que les services d'un groupe d'évaluateurs professionnalisés et organisés soient négligés par les institutions, en particulier celles qui ne veulent pas s'adapter, qui considèrent les preuves objectives de l'évaluation comme des « vérités gênantes» . Cela pourrait conduire à ce qu'un service professionnel soit évité ou sapé par des institutions ou des systèmes qui résistent au défi du statu quo que peut présenter l'évaluation. Dans l'ensemble, toutefois, « les risques génériques (diversité méthodologique restreinte, formation rigoureusement standardisée, blocage de l'accès à des praticiens talentueux, faisant passer les intérêts des évaluateurs avant ceux de ses clients) semblent faciles à gérer » (Picciotto, 2011).

Alors, questions pour vous, dirigeants de VOPE : quels problèmes un processus de professionnalisation traiterait-il dans votre pays? Quels avantages attendriez-vous pour les évaluateurs individuels, les commissaires, votre VOPE et votre pays via une incitation à la professionnalisation? Quels risques associez-vous à un tel processus dans votre pays? Comment pourriez-vous atténuer ces risques?

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